Contexte de l’opération
Le quartier de Recouvrance, bien que situé à l’écart du centre-ville de Brest, séparé de l’hyper-centre par la Penfeld, fait néanmoins partie du cœur historique de la ville. Construit à l’époque où la « ville militaire » s’était étoffée d’une « ville civile », et n’ayant été que partiellement démoli par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, il a conservé sa forme urbaine d’origine et un important patrimoine historique (Tour Tanguy, rue de Saint-Malo, Maison de la Fontaine, prison de Pontaniou, etc.).
Longtemps tourné vers l’arsenal et la base militaire, le quartier s’est dévitalisé lorsque le nombre de marins a commencé à décliner et son parc immobilier s’est progressivement dévalorisé. Ce phénomène a été renforcé par le sentiment d’éloignement d’une rive à l’autre de la Penfeld qui y régnait, accentué par les nombreux murs, notamment d’enceinte de l’arsenal, marquant son paysage urbain. S’en est suivi une augmentation de la vacance et l’accueil d’une population plus pauvre et en plus grande difficulté sociale, contribuant à l’augmentation de la dégradation de l’habitat.
Pour enrayer ce déclin et permettre à Recouvrance de retrouver une attractivité au cœur de la métropole, un grand projet urbain a été engagé par Brest métropole à l’échelle de la Rive Droite, comprenant notamment la réhabilitation du quartier historique de Recouvrance, s’appuyant sur une OPAH-RU (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat – Renouvellement Urbain) et l’aménagement au nord de l’ancien site militaire du Plateau des Capucins, en les rapprochant de l’hyper-centre par le passage du tramway et à présent du téléphérique.
Caractéristiques de l’opération
La SEMPI s’est vue confier une concession d’aménagement, dont la conduite a été assurée par Ronan Kerleo, Chef de Projet, pour coordonner l’ensemble des interventions sur la partie historique du quartier de Recouvrance et comprenant, outre la conduite des actions comprises dans le cadre de l’OPAH-RU, des actions coercitives plus lourdes (ORI, restructuration d’îlots, traitement de l’insalubrité), une action plus spécifique de lutte contre la précarité énergétique, ainsi que le réaménagement d’espaces publics du quartier.
Elle a également mis son expertise en matière de portage immobilier, pour renforcer l’action incitative auprès des propriétaires et copropriétaires du quartier, en assurant le portage temporaire et la revente après travaux d’immeubles entiers ou de lots de copropriété.
Au terme de la convention d’OPAH-RU, fin 2015, 58 immeubles s’étaient engagés dans des travaux de réhabilitation d’ensemble. Toutefois l’intervention sur le quartier se poursuit à présent au travers de l’OPAH-RU multi-sites métropolitaine, qui a pris le relais du suivi et de l’accompagnement des dossiers.
7 immeubles, dont certains acquis par la SEMPI, ont fait l’objet d’une ORI (Opération de Restauration Immobilière).
10 immeubles ont fait l’objet d’une en opération de requalification de façade, essentiellement en accompagnement de l’ORI, afin de renforcer la requalification urbaine du secteur prioritaire du quartier.
Au titre des actions de portage immobilier, toujours en cours, 2 immeubles ont été acquis en intégralité par la SEMPI avant réhabilitation, et 39 logements en copropriété.
Un travail spécifique a également été conduit en lien avec l’Architecte des Bâtiments de France, pour définir les possibilités de recours à des ITE (Isolations Thermiques par l’Extérieur) pour certains immeubles répertoriés de la ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) en vigueur sur le quartier.
Les actions sur les espaces publics ont essentiellement été menées en accompagnement de l’action sur l’habitat, notamment pour résoudre les conflits d’usage liés à la collecte des déchets sur le secteur prioritaire de l’opération. En effet, les caractéristiques des bâtiments ne permettant pas facilement la remise de bacs de collecte, ceux-ci encombraient en permanence des trottoirs déjà étroits. L’implantation de conteneurs enterrés aux intersections avec suppression des bacs mobiles a permis de libérer les trottoirs tout en généralisant le tri sélectif. Cette action a été complétée par l’effacement des réseaux aériens encore présents, le renouvellement de l’éclairage public ainsi que des autres réseaux enterrés et enfin une réfection complète de certaines chaussées. Enfin, le réaménagement complet de la Place René Le Saec, espace public situé devant le centre commercial du quartier, a également été effectué, en accompagnement du projet de restructuration d’ensemble engagé par la copropriété commerciale.
En compagnie de Blanche Guillemot, alors Directrice Générale de l'Anah, et des élus de Brest métropole, lors d'une vite officielle par l'Anah du quartier de Recouvrance le 3 mars 2017 © compte Twitter @ANAH_Officiel
Photos du hall d'entrée du 20 rue Armorique, de la façade et d'un logement du 22 rue Armorique (frappé avant travaux d'un arrêté d'insalubrité), de la place René Le Saec située devant les Halles de Recouvrance, et enfin de la partie de la rue Pontaniou restaurée en surplomb du Bâtiment aux Lions © Ronan Kerleo
Dans les médias
Le quartier de Recouvrance poursuit sa mue
Ouest France – 04/03/2017
Illustration du travail mené ces dernières années, l’exemple d’une copropriété de huit logements, rue d’Armorique. L’immeuble, après un constat d’insalubrité remédiable sur les parties communes, a bénéficié de l’accompagnement de l’équipe OPAH-RU pour un programme de rénovation complet. Les travaux concernant les parties communes se sont élevés à 565 000 €, dont 355 000 € couverts par des subventions de l’Anah et de Brest métropole.
À Recouvrance, l’habitat indigne s’efface peu à peu
Le Télégramme – 28/11/2019
Derrière la volonté de la collectivité de redonner de l’attractivité au quartier, une multitude d’acteurs est mobilisée. La SEMPI est le bras armé de cette opération. Elle acquiert les lots, et les rétrocède une fois l’opération terminée. Il y a parfois des freins, et le projet de restructuration à venir dans la copropriété des 23-25 de la rue d’Armorique en est l’illustration parfaite. Cette copropriété de trois bâtiments de la fin XIXe renferme 25 petits logements locatifs dont certains ont été squattés. Ils appartenaient à une vingtaine de propriétaires, pas tous disposés à investir dans une rénovation. Il a fallu six ans à la Sempi pour acquérir l’ensemble des lots nécessaires, la plupart à l’amiable, certains par une procédure coercitive. Au terme de ce long processus, les travaux ont été votés en assemblée générale début novembre, pour un montant de 1,80 M€, financé à 60 % par les subventions de l’Anah et de Brest Métropole.